DE L’ESCLIPZE DU SOLEIL
L’esclipze du solleil se faict quand la lune est en conjonction avec led[it] solleil et que allors elle est de nostre regard droict desoubz led[it] solleile
et nous empesche certaine clarté d’une partye de la lumiere dud[it] solleil, en tant que elle en feroit la lumiere. Et occupe led[it] solleil qu’il ne
puist jetter ses rayons sur quelque partie de la terre en tant qu’elle est entre deux. Et pour ce que led[it] solleil est plus grand que la lune, il advient
que quand il se faict eclipze de solleil en aulcune region, il ne se faict poinct en l’aultre, d’aultant aussi que led[it] solleil est en quatreiesme
ciel qui est plus hault que le premier ciel où est la lune. Dont pour contemplation des choses cy dessus s’ensuict une figure
Les eclipzes du solleil ou de la lune sont de peu de temps de duree sellon sellon (sic) comme la lune est au droict dud[it] solleil. Et cella ce faict
pour ce que lad[ite] lune est d’un mouvement soudain en declinaison australle ou septentrionalle plus que le solleil. Et retarde en son cours
d’orient en occident davantaige que le solleil ne faict qui est occasion que ilz tardent tant peu au droict l’un de l’aultre
ENSUICT LES OCASIONS
Dont provienent les ventz tonnoirres gellees neisges pluyes rousées
Il fault notter que touttes ses choses proviennent d’aulcunes vapeurs qui s’eslevent de la terre en hault par la vertu du solleil. Desquelles
les unes sont seches et les aultres humides. Et quand celles qui sont humides sont eslevez jusques en la moyenne region de l’air
qui est tres froide elles se font espoisses et commencent à desgoutter et de là vient la pluye. Et quand le froid est fort et estraignant la sus
ce assemblent et congellent et de là vient la gresle. Et aussy quand ses gouttes tombent en bas et treuvent ceste basse region de l’air froid
comme en hyver elles se congellent moyennentent vent qui est froid et de là viennent les neisges. Et est faicte en esté la rousee de celles
mesmes vapeurs lesquelles quand elles decendent sur la terre et la trouvent froide, icelles vapeurs se convertissent en rousee. Maiz quand
ilz sont seches et bien legeres elles se eslevent plus hault à la tierce region de l’air qui est chauld. car elle touche la region du feu et
ainsy quand ses vapeurs seches que clers appellent exatations passent en l’air et se rencontrent les unes contre les aultres, les plus fortes
recullent les plus debilles par la grande vertu du solleil, de la lune et de plusieurs estoilles. Et de là viennent les ventz. Et quand ces
exaltations se passent en montant par la moyenne region de l’air qui est tres froide, elles se meslent avec les nuees et se enclosent
dedans icelles. Et la challeur du solleil frappe ardamment entre ces nuez tellement que les exaltations chauldes qui sont encloses
dedans sesd[ites] nuez veullent faillir, mais elles ne peuvent, car la nuee est froide et espoisse et qui tient ses exaltations encloses et sy
ce n’est par grande force ou viollence. Dont quand elle rompt, elle faict ung tres grand bruict en l’air qui est ce que nous appellons
tonnoirre. Et en rompant ces exaltations saillent de la neuee qui sont flambees en feu qui faict l’esclair lors selles exaltations fla[m]bees
se meslent et bruslent avec la nuee. Et quand la matiere est prez de desgatter, elle tombe cy bas toutte flambee. Et c’est la fouldre qui est
plus chault que ung fer ardant. Car le feu d’amont est beaucoup plus chault que celluy d’em bas, dont rencontrant l’air froid
faict ung fort grand bruict comme qui boutteroit ung fer chault dedans de l’eau froide. Maiz ces exaltations quand ilz ne trouvent poinct
de nuees en montant elles s’en vont à la region chaulde de l’air au feu lors se enflambent et bruslent et semblent estre estoilles
qui thombent en bas, quand ceste matiere est prezque bruslée et qu’elle tombe cy bas. Or voillà donc par cy devant comme l’on congnoist
dont proviennent les ventz et ses aultres choses presdictes lesquelles envyronnent la terre et la mer. De quoy s’ensuict ung petit poultret.