LA SPHERE ARMILLAIRE

 

La sphère armillaire est devenue le symbole emblématique de l'astronomie, et de la connaissance.

Le Portugal en a même fait son emblème national associée aux grandes découvertes que fit ce pays aux XVe et XVIe siècles.

Images de sphères armillaires dans l'art manuélin au Portugal, en suivant ce lien :

La sphère armillaire, emblème du Portugal

 

La sphère armillaire est un instrument très ancien, correspondant à la vision grecque de l'Univers, et qui a traversé les siècles sans modification notable.

Description d'une sphère armillaire

Jusqu'au XVIe siècle, la sphère armillaire représente l'Univers selon le modèle géocentrique de Ptolémée. Cette figuration est celle "des apparences", c'est à dire telle que l'Univers nous apparaît quand on observe depuis la Terre. Chaque anneau (armilla en latin) correspond à un grand cercle du Ciel.

· La Terre est fixe au centre de l'Univers.

· Les astres (Soleil, lune, étoiles...) semblent se situer sur une grande sphère (sphère céleste) qui tourne autour de la Terre en 24 heures.

· L'axe de rotation de la sphère céleste passe à proximité de l'étoile polaire (pôle nord céleste), dans le prolongement du rayon terrestre passant par le pôle nord terrestre.

Le prolongement de l'équateur terrestre, donne, sur la voûte céleste, l'équateur céleste.

· Sur la sphère céleste, le Soleil semble se déplacer, au cours de l'année, par rapport aux étoiles. Son trajet annuel apparent est le cercle de l'écliptique.

· La couronne horizontale extérieure est fixe. Elle correspond à l'horizon local. Une graduation sur l'anneau qui lui est fixé verticalement correspond, en degrés, aux angles de hauteur.

 

Origines de la sphère armillaire

La sphère armillaire remonte à l'Antiquité grecque mais il est difficile de préciser son apparition. "L'origine de la sphère semble se perdre dans l'obscurité des temps, et se cacher sous le voile de la fable" lit-on dans un Usages de la Sphère du début du XIXe siècle. Lalande dans son Abrégé d'Astronomie (édition de 1775) prétend que "l'invention de la sphère armillaire, est certainement aussi ancienne que celle de l'astronomie même. On l'attribue à Atlas, que l'on croit avoir vécu 1600 ans avant Jésus-Christ […] mais il est plus naturel de croire qu'elle vint de Babylone ou de l'Egypte.". Ceci semble excessif dans la mesure où les anciens grecs, les Pythagoriciens en particulier, sont les premiers à prendre la sphère comme "forme type" de représentation des Cieux et de la Terre, pour des raisons d'abord plus esthétiques et philosophiques (forme "parfaite"), que scientifiques.

Le modèle géocentrique de l'Univers, sous forme de sphères concentriques sur lesquelles sont entraînées les planètes, jusqu'à la sphère des étoiles fixes, a été énoncé par Platon (427–347 av. J.-C.), formalisé par Eudoxe (vers 370 av. J.-C.), repris par Aristote (384–322 av. J.-C.), puis affiné sur la base d'observations par Ptolémée (vers 150 ap. J.-C.). Dans sa Grande Syntaxe mathématique, qui nous est parvenue par les Arabes sous le nom d'Almageste, Ptolémée expose le système géocentrique, fournissant une théorie des mouvements planétaires, conforme aux observations, une liste de 1022 étoiles, des calculs sur les distances du Soleil et de la Lune, les éclipses, ainsi que la description des instruments astronomiques employés. Ce modèle, parfois légèrement retouché au Moyen Age, est unanimement admis jusqu'à la fin du XVIème siècle et sert de base au calcul des tables astronomiques.

Un passage du Timée de Platon semble indiquer qu'au IVe siècle av. J.-C. des "maquettes" de ces combinaisons de sphères existent déjà : "décrire les danses de ces mêmes corps célestes, […] montrer lesquelles se font l'une à l'autre écran et au bout de quel temps chacune se cache à nos yeux pour de nouveau reparaître, provoquant ainsi l'effroi et fournissant des présages sur les évènements à venir aux gens qui ne sont point capable de les prévoir grâce au calcul, expliquer tout cela, ce serait peine perdue, si on n'avait pas sous les yeux une représentation mécanique des mouvements considérés."

Géminos de Rhodes, vers 70 av. J.-C., dans son Introduction aux Phénomènes, donne une description de la sphère armillaire comme modèle du monde et montre le large usage que l'on faisait alors, pour l'enseignement et la recherche, de ces représentations matérielles du monde que sont le globe céleste, la sphère armillaire et le globe terrestre. Géminos est bien conscient de la simplification que représentent ces modèles quand il nous dit : "Gardons-nous de supposer que toutes les étoiles sont situées sur la même surface : les unes sont plus élevées, les autres plus basses, mais, du fait que la vue ne porte que sur une distance donnée, la différence de hauteur reste imperceptible".

Une branche particulière de la mécanique, la sphéropée, traitait de la fabrication des sphères, en imitation du mouvement circulaire des astres. Archimède (287–212 av. J.-C.) écrivit un traité de la sphéropée (perdu) et Cicéron rapporte que l'on pouvait voir à Rome, rapportée de Syracuse, une sphère armillaire, "qui paraissait pour le chef-d'œuvre d'Archimède", reproduisant les mouvements du Soleil, de la Lune et des cinq planètes. Certains de ces planétaires pouvaient être mus par la force hydraulique.

C'est chez Ptolémée que l'on trouve la première description de la sphère armillaire d'observation, désignée par astrolabos ("preneur d'étoile" en grec).

Usages de la sphère

La sphère armillaire n'est pas qu'une simple représentation, c'est un véritable instrument qui, son histoire l'a montré, possède un double aspect : instrument plutôt pédagogique (maquette du fonctionnement du Monde) et instrument de mesure (sphère telle que l'a utilisée Ptolémée).

· Le plus souvent la sphère constitue un instrument de représentation de l'Univers dont elle aide à la compréhension et ne permet que quelques calculs, comme celui de l'heure du lever du Soleil ou de changements de coordonnées sans recours à la trigonométrie (avec l'aide éventuelle d'un compas à pointes sèches). Lorsqu'elle est orientable (munie d'une boussole), les cercles de référence (méridien, équateur) étant alors positionnés parallèlement aux cercles "réels", la sphère permet de déterminer l'heure ou la direction approximative d'un astre.

Dans la préface à l'Institution astronomique de l'usage des globes et sphères, céleste et terrestre de Guillaume Blaeu (édition de 1642), on trouve l'avertissement suivant :

 

"Bien que l'entendement humain soit si excellent qu'ayant la vue pour guide, et la raison pour compagne, il puisse sans grande difficulté voler jusqu'au ciel, avec ces deux ailes de Platon, l'Arithmétique et la Géométrie, et là observer comme s'il était présent, les admirables révolutions des étoiles ; toutefois il arrive presque ordinairement, qu'il n'en puisse acquérir aucune science certaine sans l'aide des mains, ni expliquer aux autres la manière des mouvements célestes sans avoir continuellement devant ses yeux des instruments qui lui représentent la figure du ciel. Et pour cette cause voyons nous que de toute antiquité des excellents personnages se sont soigneusement adonnés à exprimer avec des instruments mécaniques les préceptes de l'Astronomie, et les lois des mouvements célestes qu'ils avaient appris par plusieurs observations, s'étudiant à proposer aux nouveaux apprentis en une manière visible et palpable les secrets de cette science, dans laquelle ils avaient pénétré par la force et subtilité de leur esprit, confirmé par une longue expérience."

 

Jérôme Lalande dans son Abrégé d'Astronomie affirme que "les problèmes que l'on peut résoudre par le moyen d'un globe ou d'une sphère, ne sont pas de simples exercices d'amusement ; il faudrait à la vérité, pour y trouver quelque exactitude, avoir un globe très grand, tourné avec soin, encore devrait-on préférer le calcul trigonométrique dont nous parlerons dans le livre suivant ; mais en étudiant pour la première fois les principes de l'astronomie, il est très utile de s'exercer sur le globe ou la sphère armillaire, pour en bien comprendre les mouvements et pouvoir les rapporter sans peine aux objets célestes."

La sphère armillaire démontra ainsi aux Grecs, par des moyens expérimentaux, des vérités surprenantes et inaccessibles (à l'équateur, les jours et les nuits ont toujours la même durée, aux pôles, l'année se réduit à un seul jour et une seule nuit de 6 mois…), confirmant les récits les plus invraisemblables des voyageurs tels que Pythéas vers 330 av. J.-C.

· Pour être un instrument d'observation et de mesure, la sphère armillaire doit être équipée d'éléments de visée (des pinnules), et être de bonne dimension.

Elle permet alors, par visée des astres, de mesurer leurs coordonnées locales ( coordonnées horizontales  que sont l'angle de hauteur entre l'horizon et le zénith, et l'angle d'azimut, sur l'horizon par rapport à la direction du Sud) puis d'obtenir d'autres coordonnées par simple lecture des graduations figurant sur les cercles ou en utilisant un compas (les coordonnées équatoriales que sont l'angle de déclinaison entre l'équateur et le pôle, et l'ascension droite, angle mesuré sur l'équateur par rapport au point g choisi pour définir le méridien origine ; ou les coordonnées écliptiques que sont l'angle de latitude céleste entre l'écliptique et les pôles de l'écliptique, et la longitude céleste, mesurée sur l'écliptique à partir du point g ). C'est ce type de sphère qu'utilisa Ptolémée pour constituer le catalogue d'étoiles figurant dans l'Almageste :

 

Extraits de l'Almageste

Livre V, chapitre I :

"Notre astrolabe [sphère armillaire] étant mis […] perpendiculairement au plan de l'horizon, et dressé suivant la hauteur du pôle pour l'habitation terrestre supposée, et tout à la fois parallèlement au plan du méridien naturel, les cercles intérieurs peuvent tourner autour des pôles de l'équateur d'orient en occident, conformément au premier mouvement de l'univers."

Livre VII, chapitre IV :

"En nous servant donc encore du même instrument, dont les cercles tournent autour des pôles de l'oblique, nous avons observé autant d'étoiles qu'il nous a été possible d'en apercevoir, jusqu'à celles de sixième grandeur.

[…] Nous pointions l'autre [cercle] qui est gradué […] vers l'étoile qui était l'objet de notre observation, jusqu'à ce que nous l'aperçussions par les trous des pinnules de ce second cercle."

 

On pratiquait de même, avec de telles sphères armillaires utilisées pour l'observation et la mesure, au XIIIe siècle à l'observatoire de Maragha (Azerbaïdjan) avec Nasir al-Din al-Tusi, au XVe siècle à Samarkand avec Ulugh Beg et al-Kashi, ainsi qu'à Nuremberg avec Regiomontanus, puis au XVIe siècle avec Tycho Brahé.

Evolution de la sphère armillaire

Le traité d'astronomie le plus populaire du Moyen-Age est la Sphère de Sacrobosco, sorte d'abrégé de l'Almageste, dont la première édition date du XIIIe siècle. Dans les éditions imprimées de cet ouvrage commencent à apparaître régulièrement des images de sphère armillaire. Tels qu'ils apparaissent, ces premiers modèles de sphère semblent fixes et sont sans horizon, donc d'un usage très limité. La sphère armillaire est un objet fragile, de sorte que les plus anciennes sphères armillaires qui nous sont parvenues datent seulement du milieu du XVe siècle. La plus ancienne sphère armillaire mobile et munie d'un horizon qui nous soit parvenue date d'environ 1425 et est visible au Museum for the History of Science d'Oxford.

A mesure que se perfectionneront les connaissances, la sphère armillaire se compliquera parfois d'anneaux supplémentaires, concentriques et mobiles, figurant les orbes des planètes et les excentriques qui les concernent.

Avec Tycho Brahé, les instruments astronomiques parviennent à une perfection inégalée, avec des dimensions gigantesques, permettant des observations d'une précision jamais atteinte, sur la base desquelles Kepler pourra établir ses lois des mouvements planétaires. Il installe dans son observatoire de Stellaborg, fondé en 1584 sur l'île danoise d'Hven avec le soutien financier du roi Frederic II dont il est l'astrologue, des sphères armillaires d'observation, fixes, atteignant un diamètre de 3 à 9 coudées (la coudée utilisée par Tycho Brahé serait d'environ 39 cm, ce qui donne des diamètres de 1,17 m à 3,51 m).

Dans son ouvrage Mécanique de l'Astronomie rénovée[1], publié en 1598, alors qu'il a quitté le Danemark, il donne la description de ces instruments magnifiques, aujourd'hui disparus.

 

Au très Auguste Empereur
RODOLPHE  DEUX

Préface de Tycho Brahé

 

L'Astronomie, science très ancienne, concédée par une faveur divine au genre humain depuis Adam le premier homme, et de loin très éminente, certes dans la mesure où les choses Célestes et sublimes surpassent ces choses terrestres et inférieures, cette Divine Astronomie, dis-je, tirant son origine des sens eux-mêmes des yeux remarquant les vicissitudes errantes des astres, autant que du côté des choses extérieures, dès le fondement des choses avec beaucoup de temps, excita et les génies et les intelligences des hommes les plus distingués. […] En vérité puisque le seul regard oculaire ne pouvait prendre avec cette subtilité et exactitude qui était nécessaire à tous ces mystères du théâtre Céleste et les variétés apparentes embrouillées au delà de la façon d'admirer, des Maîtres variés dans tous les siècles imaginèrent les intermédiaires et les instruments par lesquels la vue serait aidée pour percevoir les mouvements cachés des Astres. […] Car cela est le principal de tout, que de nombreuses et longues observations venant du Ciel soient prises dans des Instruments Astronomiques opportuns et non sujets à l'erreur, qui ensuite sont mises en ordre au moyen de la Géométrie par des Hypothèses imaginées convenant aux quantités continues et au mouvement circulaire et uniforme (que Naturellement les choses Célestes et recherchent et poursuivent sans interruption) ; assurément au moyen de l'Arithmétique dans les quantités discrètes pour que les révolutions et les lieux des corps Célestes soient certains aux temps que tu veux. En vérité parmi tous ceux qui travaillèrent activement à cette chose, du moins les observations qui parviennent par là jusqu'à nous, furent notées par Timocharis, Hipparque, Ptolémée, Albategni, le Roi Alphonse[2], et au siècle précédent par Copernic bien que les enseignements des deux précédents sur ces choses dépendent de la relation de Ptolémée. En tout cas, il est évident de leurs écrits, qu'assurément ceux-ci utilisèrent le plus possible quelques Instruments pour mesurer les Phénomènes des Astres. Et parmi ceux-ci, je trouve ces trois principaux : les Règles Parallactiques, les Armilles Zodiacales, [l'instrument] à Tourner qui était plutôt en usage chez les Arabes (l'Astrolabe plan) ; les autres sont de plus petite importance.[…] C'est pourquoi réfléchissant pour moi extrêmement avec attention dès l'Adolescence, […] j'eus soin ensuite que les Instruments Astronomiques fussent construits successivement avec un soin et avec une dépense incroyables, avec lesquels il fut permis de scruter les apparences des Astres plus exactement qu'il fut souvent fait par nos prédécesseurs (que l'envie soit absente de cette parole). […]

LES ARMILLES ZODIACALES

Les Instruments précédents[3] examinent surtout pour cela, afin que les Hauteurs et les Azimuts, soit séparément, soit conjointement, soient observées pour les choses venant d'en haut. En vérité parce que la déduction particulière de ceux-ci dans la pratique Astronomique, sous le rapport du calcul, a besoin des Triangles[4], non facilement accessible pour tous et fastidieuse en soi pour certains évitant le travail, d'autres machines ont été inventées avec lesquelles sont obtenues les longitudes et les latitudes des étoiles qui sont les deux principalement recherchées soigneusement, et qui peuvent être obtenues par le plus petit travail sans calcul gênant ; parmi lesquelles je découvre que deux ont été principalement en usage chez les anciens, dont une qu'ils appelaient Instrument Armillaire, lequel était en usage chez Hipparque et chez Ptolémée. Et pour cette raison cette dénomination fut choisie par eux. L'autre a été nommée Instrument à tourner, Instrument inventé par les Arabes ou les Chaldéens (comme je crois) et employé par eux. Et celui-ci assume les mêmes choses dans les surfaces planes circulaires que le premier dans les Armilles. […]

En vérité, il est possible que cet Instrument Armillaire soit propre à mesurer rapidement et avec facilité les lieux des étoiles, et il [a été] construit par nous selon la forme indiquée, afin qu'il permette moins qu'antérieurement que les Armilles qu'il contient vacillent hors du plan dû ; cependant il n'évite même pas cela exactement ainsi, au point qu'une erreur d'une minute d'un côté ou de l'autre ne puisse se glisser parce que l'Armille Zodiacale n'est pas tournée partout en équilibre, mais par son poids s'éloignerait quelque peu des autres hors du plan et cela de diverses façons. Et il est de fait que nous nous servons plus rarement de telles Armilles, surtout lorsque la plus grande précision est requise. Bien plus, nous avons plutôt imaginé d'autres Armilles Equatoriales non sujettes à ce défaut. […]

LES ARMILLES EQUATORIALES

Nous avons aussi inventé certaines Armilles Equatoriales qui, disposées en équilibre d'un côté de l'autre de l'Axe des Pôles, ne sont tirées vers ni l'une ni l'autre partie par leur poids ou le déplacement en rotation, ou ne peuvent être éloignées du plan des Cercles qu'elles représentent, de la loi exacte.[…] Et il y a seulement trois Armilles avec un certain axe cylindrique, qui mesurent tant les distances équatoriales des astres que les déclinaisons. La première de celles-ci et la plus grande […] a presque quatre coudées dans le diamètre.

 

Au milieu du XVIIe siècle, la sphère armillaire a perdu son caractère d'instrument d'observation pour le savant, mais elle est encore très employée pour l'étude et l'enseignement. A partir de cette époque, des sphères armillaires de "démonstration" sont construites selon le modèle héliocentrique de Copernic mais le modèle géocentrique reste mieux adapté à l'observation et au repérage des astres. Guillaume Blaeu (1571-1638), célèbre fabricant de globes hollandais publie une Institution astronomique de l'usage des globes et sphères, céleste & terrestres, comprise en deux parties, l'une, suivant l'hypothèse de Ptolémée, qui veut que la terre soit immobile ; l'autre, selon l'intention de N. Copernicus, qui tient que le terre est mobile :

 

"J'ai donc compris en ce livre, en deux parties distinctes l'usage de ces instruments là. En la première, je traite de l'usage des Globes vulgaires, par la terre immobile, suivant l'hypothèse de Ptolémée ; en la seconde de l'usage des nouvelles sphères, construites selon l'intention de Copernicus avec la terre mobile. J'ai suivi cet ordre, tant à cause que je voyais que l'opinion de Copernicus est plus difficile à comprendre que celle de Ptolémée, que les ignorants y trouvent moins de vraisemblance, et qu'elle requiert des méditations plus profondes ; que parce qu'après qu'on a bien compris celle de Ptolémée, on trouve moins de difficulté en celle-ci."

 

La sphère devient un instrument de bibliothèque comme le globe céleste et terrestre. Cependant Jean-Dominique Cassini (1625-1712), directeur de l'observatoire de Paris, en renouvellera l'usage pour l'observation, en l'animant d'un mouvement d'horlogerie et en équipant un de ses grands cercles d'une lunette optique, créant ainsi la première lunette équatoriale, permettant l'observation, tout en suivant le mouvement du Monde autour de l'axe polaire.

 

 



[1] L'ouvrage, traduit du latin par Jean Peyroux, est paru en 1978 aux éditions Bergeret à Bordeaux.

[2] Timocharis : astronome grec d'Alexandrie (vers  – 230) ; Albategni ou Al Battani : astronome arabe mort en 929, dont l'œuvre majeure az-Zij (Les Tables) a été traduite en latin, et fut commentée par Regiomontanus ; Alphonse X de Castille (1232-1284) fit dresser les "tables Alphonsines".

[3] Il s'agit de quadrants, demi-cercles, règles parallactiques, qui sont tous des instruments permettant la mesure des coordonnées horizontales (hauteur et azimut).

[4] C'est à dire de la trigonométrie.