Voici quelques images prises à Ecouen.
Signé « GAL Nepos Gemmae Frisij Louanij fecit an[n]o 1661 » c’est à dire « Gualterus Arsenius de Louvain neveu de Gemma Frisius l’a fait à Louvain en 1661 ». La date de 1661 qui est gravée sur l’instrument est trop tardive d’un siècle pour être associée à Arsenius. On suppose que la « signature » aurait été ajoutée par la suite, sur un instrument non signé.
Laiton, diamètre 34,4 cm.
C’est sans doute la pièce maîtresse à Ecouen et cet astrolabe mériterait une meilleure présentation (à moins de mesurer 2 mètres, difficile de l’examiner correctement…)
La face avant de l’instrument montre un astrolabe planisphérique, avec l’araignée caractéristique de la fabrication d’Arsenius (la fameuse « tulipe »). C’est sur un astrolabe de Mercator que l’on rencontre, semble-t-il pour la première fois, ce modèle « en tulipe » pour l’araignée, sans doute inspiré par les arabesques d’un instrument arabe (une calligraphie « au nom de Dieu » sur un instrument arabe lui est curieusement semblable) mais c’est Arsenius qui su porter à des sommets d’élégance ce dessin de l’araignée. L’araignée de cet astrolabe porte la position de 51 étoiles, avec leurs noms et magnitudes. La mère est gravée, au fond, d’un « quadrant nautique », et supporte trois tympans : un tympan pour la latitude 42° d’un côté et 45° de l’autre ; un tympan pour la latitude 48° d’un côté et 51° de l’autre et le dernier tympan présentant d’un côté un tympan des horizons et de l’autre les graphiques figurant habituellement au dos des astrolabes planiphériques, carré des ombres, conversion des heures égales en heures inégales (et réciproquement). Le limbe (bord de l’astrolabe) est gradué en heures égales à l’extérieur (avec des subdivisions à 30 secondes ! ) et en degrés vers l’intérieur (quatre fois de 0° à 90°). L’alidade, d’ordinaire au dos, est ici devant. Elle sert pour la mesure des hauteurs des astres (avec l’échelle de 0° à 90° du limbe) et pour les positions des astres, grâce à une graduation en déclinaisons. Une autre graduation sur l’alidade est à utiliser avec l’abaque de conversion des heures inégales/égales.
Si toutes les fonctions habituelles de l’astrolabe sont rassemblées sur la face avant, c’est que le dos propose un astrolabe universel, ou « astrolabe catholique » sur le modèle de Gemma Frisius.
Le dos de l’instrument n’est pas visible au musée (encore une fois, il suffirait d’équiper la vitrine d’un miroir…). On y verrait l’astrolabe universel, gravé selon une projection stéréographique sur le plan du colure des solstices (méridien céleste passant par les points solsticiaux) avec une règle, son ostensor et son petit bras. Sur cette projection (la saphea d’Azarquiel reprise par Gemma Frisius) figure la position de 16 étoiles. Ce type d’astrolabe universel était très utile pour convertir entre eux les différents systèmes de coordonnées des astres (équatorial, écliptique ou local).
Le trône de l’astrolabe, où se fixe l’anneau de suspension, est composé de deux « satyres » supportant un écusson, selon une décoration typique « en grotesques » de la Renaissance.
Gualterus Arsenius est réputé pour l’extrême qualité d’exécution de ses instruments (essentiellement des astrolabes, mais aussi des anneaux astronomiques et sphères armillaires) et pour leur grande élégance. Il fut davantage connu comme un grand constructeur que comme un innovateur ou un théoricien. Il met généralement en avant, dans ses signatures, ses liens avec son « oncle » Gemma Frisius, sans que l’on sache exactement s’il y avait un lien de parenté réel. C’est en tout cas dans l’atelier de Gemma qu’il a été formé, où il fut sans doute l’apprenti de Mercator. Il s’agit, en citant Gemma dans ses signatures, de donner de la valeur à sa fabrication. Le nom de Gemma Frisius étant très réputé à l’époque, en particulier grâce aux écrits de ce dernier. La carrière d’Arsenius s’étend de 1554 (date dont est signé le premier astrolabe de sa main qui nous soit parvenu) à 1580, date de sa mort.
Signé « Aegidius quinniet Antwerpianus faciebat ao 1557 ».
Laiton, diamètre 11,4 cm.
L’araignée porte 22 étoiles. L’alidade, la règle et leur fixation sont modernes.
Laiton, diamètre 13,5 cm.
Signé « Georgius Hartman Norenberge faciebat anno MDXXXII ».
L’araignée donne la position de 28 étoiles.
Cuivre doré (avec pied en fer forgé), diamètre 69 cm environ, épaisseur 1,5 mm.
Le globe est daté MCCCCCII sur le 85e parallèle, c’est le plus grand connu de l’époque. Environ 750 étoiles sont marquées sur le globe avec une indication graphique de leur grandeur et il y a 85 inscriptions de noms de constellations.
Détail d’un vitrail exposé à Ecouen et montrant une sphère armillaire pédagogique « à main ».
Références :
· A. Chapiro, C. Meslin-Perrier et A. Turner – Catalogue de l’horlogerie et des instruments de précision – Musée national de la Renaissance, éditions de la réunion des musées nationaux, Paris, 1989.
· Koenraad Van
Cleempoel – A Catalogue Raisonné of scientific Instruments from the Louvain
School, 1530 to 1600 – Brepols 2002.
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