Livre 3
DES HORLOGES ET QUADRANTS SOLAIRES
D’ORONCE FINE DU DAUPHINE

 

Traduit de l’italien par Marie-Agnès Pédaillé.

 


 

 

 


Des horloges et quadrants solaires

d’Oronce Finé du Dauphiné

Livre Trois

———

Du Quadrant Universel.

Chap. I

 

l me plait finalement d'expliquer dans ces deux derniers livres [livres 3 et 4 des horloges solaires] le quadrant universel, explication que j'avais promise plusieurs fois, tirée de la composition du Planisphère de Ptolémée, et de celle de l'Astrolabe. Dans le premier livre j'exposerai la manière de faire, et dans le dernier les grands avantages et particularités dudit instrument.

La première image, qui nous vient de ce quadrant, nous a été offerte par l'astrolabe. J'ai dessiné sur un papier très fin l'astrolabe en question, avec l'écliptique, et plusieurs divers horizons, distribués avec cet intervalle qui m'a paru le plus pertinent [en fait tous les 5°], mais sans y représenter les cercles verticaux ni ceux des latitudes [cercles d'azimut et de hauteur].

Puis j'ai plié l'autre moitié dudit astrolabe à droite de la ligne méridienne et de nouveau sur la pliure qui correspondait à ce moment à la moitié de l'astrolabe, j'ai replié sur l'horizon droit [perpendiculaire au méridien menée par le centre] pour en avoir le quart ; et de cette manière j'ai réduit en quatre ledit dessin de l'astrolabe. Des lignes duquel j'ai tiré la première constatation que j'ai faite à propos des lignes, à savoir des arcs qui convergent, grâce à la transparence et à la très fine épaisseur de ce papier, puis j'ai voulu communiquer ces lignes [les tracés] à tous ceux qui étudient cet art qui suit.

Donc pour faire cette chose de la manière la plus heureuse possible, dessine sur une surface plane de n’importe quelle matière que tu auras choisie, prépare à partir du centre A un cercle, qui soit BCDE, qui représente le tropique du Cancer [erreur du texte : il s’agit du tropique du Capricorne], tu le diviseras en quatre quarts avec les diamètres BD et CE qui se coupent au point A à angle droit. Ensuite divise le quadrant BE en 90 parties égales : et tu obtiendras du point E vers le point B la plus grande déclinaison du Soleil, laquelle soit EF [l’angle EAF mesure 23°1/2], et tire à partir de F à D [le point D est sur le tropique du Capricorne à gauche du dessin] une ligne sans encre qui soit DE, et qui coupe AE au point G [en dessous de E]. Et à partir du centre A, jusqu’à obtenir l’intervalle AG, dessine le cercle GHIK, lequel cercle sert pour l’Equinoxial [c’est à dire l’Equateur]. Puis tire une ligne depuis le centre A au point F, qui soit AF, qui divise le quart ou quadrant de l’Equinoxial GH au point L, duquel tu tireras une ligne droite jusqu’en K, qui soit le trait fin KL, qui coupe le demi-diamètre AE au point M. Et de nouveau à partir de A, tu dessineras à la mesure de AM, le tropique du Capricorne MNOP [il s’agit en fait du tropique du Cancer, comme l’indique la figure ; à partir de là chacun des trois cercles susdits sera divisé en quatre quarts de diamètres BD et CE : desquels vers la droite sur ABC, nous choisirons de faire [le Quadrant Universel], comme étant le plus commode.

 


 


Comment on distribue le limbe de ce quadrant,

c’est à dire en combien de parties.

Chap. II

 

l faut ensuite dessiner sur ce quadrant BC un certain limbe [partie sur le bord circulaire du quadrant], dans lequel sont les divisions des degrés, et également celles des heures, et également encore les nombres qui correspondent à l’Equinoxial [l’Equateur]. A partir de là il faut étendre les demi-diamètres AB, et AC, droitement, et tout au long, jusqu’à R et S, et autour du centre A sont tracés sept arcs parallèles sur le quadrant BC, qui forment avec ledit BC sept intervalles, et le dernier d’entre eux soit RS [il s’agit des couronnes extérieures du quadrant qui vont être graduées]. Dans le dernier intervalle, et le plus grand de tous, tu compartimenteras six intervalles pour les heures avec des lignes droites qui vont du premier arc BC jusqu’à RS, à partir du centre A. Et les nombres de ces heures [seront] ordonnés dans cet intervalle de telle manière que l’une et l’autre heure 6 [6 heures et 18 heures] vienne sur R, et la 12 sur S. De manière à ce que ces divisions des douze heures servent ainsi à celles d’avant midi, comme à celles d’après midi. Tu diviseras ensuite chacune des 6 parties en 3 parties égales, et tu tireras les lignes droites seulement pour 5 intervalles des dits arcs [on ne gradue que cinq arcs], et cela te donneras 18 parts, chacune d’entre elles servira pour 5 degrés, desquels tout le quadrant RS est 90. Redivise de nouveau celle qui est la première des 18 parts en 5 et tire de nouveau les petites lignes seulement du cinquième au sixième intervalle [cases alternativement noires et blanches], et tu auras 90 parties lesquelles multipliées par quatre te représenteront l’Equinoxial entièrement. Il faut ensuite écrire les numéros des degrés dans les quatre intervalles dans leurs petits espaces de cinq en cinq, en laissant le premier intervalle vide ; et puis tu commenceras le second après BC à partir de la gauche à 5 et suivra jusqu’à 90 et en retournant l’autre intervalle, tu suivras 95, 100 et ainsi tu auras suivi successivement de telle manière que lorsque tu auras terminé le travail sur chacun des quatre intervalles et leurs petits espaces en suivant cet ordre, tu arriveras jusqu’au dernier au numéro 360 comme te montre la figure.

 

Comment on dessine les arcs horizontaux,

comme le veut l’élévation du pôle.

Chap. III

 

a première chose que tu dois savoir, c’est que le demi-diamètre AG (comme il intervient dans l’astrolabe) sert ou représente l’horizon droit [il s’agit de l’horizon d’un observateur situé à l’équateur, qui passe par les pôles, et est le seul à être projeté selon une droite]. Mais les horizons circulaires, tu les dessineras selon les climats [c’est à dire selon les latitudes], en les distribuant également selon ce que tu voudras comme intervalles de degrés [Finé choisira de les tracer tous les 5° de latitude], de cette manière. Divise comme il faut le quart de l’Equinoxial en 90 parts égales, avec des petites lignes très fines, et tu auras ensuite sur ledit horizon ta hauteur du pôle [la latitude], dans le quadrant de l’Equinoxial HI, du point I vers H ; et pose la règle au terme nouvellement obtenu, et en G[on compte sur l’arc d’équateur à partir de I vers H un angle égal à la latitude et on relie le point obtenu au point G], et fait un point où ladite règle coupe la ligne méridienne AB, et fait la même chose dans le quadrant GK, de G jusqu’à K, en notant de nouveau l’intersection que fait ladite règle avec l’autre partie du méridien AD, allongée droitement autant que l’on veut [on compte à partir de G sur l’arc d’équateur GK un angle égal à la latitude et on relie le point obtenu au point G puis on cherche l’intersection avec la ligné méridienne prolongée], et la longueur, qui est comprise entre ces deux points, divise là en deux, de telle manière que ce point sera le centre de la partie boréale de cet horizon.

A partir de là un pied des sixtes [il s’agit sans doute d’un pied d’un compas à deux branches de 6 pouces] est fixé, et ouvre l’autre jusqu’au point de AB, ou point I, dessine et tire l’arc boréal de cet horizon du point I jusqu’à la Méridienne AB : de sorte qu’il doive passer par ces deux points et par le point G pour que tu ne te sois pas trompé [le cercle centré sur le milieu des points d’intersection obtenus sur la méridienne et mené par I, passe par G et donne la partie nord de l’horizon]. Puis sans bouger le sixte [l’écartement du compas], pose de nouveau un pied au point I, et l’autre sur la Méridienne AB ; et tire la partie méridionale dudit horizon à partir du même point I, qui indique l’intersection commune des horizons avec l’Equinoxial, incliné vers le Tropique BC du Capricorne. De sorte que, le centre de la partie australe dudit horizon sera autant éloigné du point A vers B, que le centre de la partie boréale l’est de A vers D [autrement dit, prendre le symétrique par rapport à A du centre de l’arc de l’horizon nord, y planter le compas avec le même écartement, et tracer entre I et le tropique du Capricorne la partie sud de l’horizon]. Ainsi que tu peux en faire l’expérience grâce à l’horizon sur lequel le pôle arctique s’élève à 45 degrés, duquel le centre est appelé K et le centre de la partie australe H ; et de même pour les autres, en distribuant sur cette figure les degrés de 5 en 5 ; auxquels degrés du pôle il m’est apparu de donner des noms pour une meilleure déclaration de toutes les choses dites.


 


Comment on peut diviser la ligne méridienne

de manière proportionnelle

et la transformer en un index mobile.

Chap. IIII

 

l faut à partir de là diviser la ligne Méridienne AB en parts, mais non égales, mais proportionnellement à l’astrolabe [c’est à dire selon la projection stéréographique].De là tu poseras la règle au point G, et chaque partie de la moitié de l’Equinoxial GHI, depuis le point I jusqu’à A [on relie le point G à chaque graduation tous les 5° de l’arc d’équateur IHG] ; et tu seras attentif à toutes les intersections, que fait la règle sur la Méridienne AB. Puis tu feras un index selon une demi-ligne [un rayon] de l’astrolabe, comme TV [lettres désignant respectivement  le point de rotation de l’index et la graduation 0 de l’index], long autant que la moitié du diamètre du quadrant ARS. Et depuis la tête de cet index jusqu’au centre tu reporteras sur la ligne de foi toutes les divisions préparées sur AB et tu les diviseras avec leurs propres petites lignes et espaces, en y reportant pour l’usage des nombres, comme tu pourras le voir sur la figure qui suit. Cet index pose le sur le centre A de telle manière que ladite ligne de foi posée à droite dudit centre puisse librement aller de gauche à droite, que chacune des divisions de ladite règle corresponde aux divisions de la Méridienne AB.


 


Comment on doit dessiner l’écliptique,

ou le zodiaque avec les douze signes,

et avec leurs parties ou degrés.

Chap. V

 

l est nécessaire de dessiner ensuite les deux parties de l’Ecliptique ou zodiaque, inclinées vers le Boréal ou vers l’Austral, c’est à dire le Nord et le Sud, qui se déplacent de l’Equinoxial aux Tropiques. De là tu diviseras la droite DN en deux parties au point X [les points D et N correspondent aux solstices] et d’autant que représente l’intervalle XN tu dessineras la partie boréale de l’Ecliptique qui soit IN [arc de cercle de centre X] et de nouveau d’autant que sera AX tu feras AZ et à partir du centre Z sans bouger le sixte [compas] dessine la partie australe du même Ecliptique qui soit BI [le centre Z est le symétrique de X par rapport à A et le rayon est le même]. De nouveau tu dessineras deux parallèles à ces deux parties de l’Ecliptique qui soient également éloignés dudit Ecliptique sur lesquelles il faut mettre les divisions et les noms des signes.

Il faut ensuite diviser l’une et l’autre moitié de l’Ecliptique en l’une de ces deux manières en signes et en parties des mêmes signes (ces manières c’est moi qui les ai choisies comme étant les plus fidèles de toutes). La première c’est en se servant des ascensions droites des trois premiers signes. La seconde se sert du pôle de l’Ecliptique. Nous avons de là rassemblé pour plus de brièveté les ascensions droites du Bélier, du Taureau, et des Gémeaux, traités dans le troisième chapitre du troisième livre de ma Cosmographie qui traite de cette affaire que nous avons réduite dans la table qui suit et que j’ai adaptée aux autres signes.

De là tu obtiendras dans le quadrant RS l’ascension droite des 5 premiers degrés du Bélier et en ayant posé la règle au degré de cette ascension [sur la graduation en degrés du limbe] et au centre A tu noteras les intersections que fera ladite règle avec l’une et l’autre partie de ladite Ecliptique. Tu observeras la même méthode avec l’ascension droite de 10 degrés et ceux qui suivent jusqu’à la fin des Gémeaux. Tu tireras encore des petites lignes qui partiront des signes d’un parallèle à l’autre de l’Ecliptique et tu rediviseras chacune de ces parties de chaque signe en 5 degrés avec des divisions plus fines et finalement tu y reporteras le nom des signes : les boréaux dans la partie de l’Ecliptique IN et les austraux dans la partie méridionale BI. Tu les sépareras et avec le même ordre des noms desdits signes, soit encore avec la différence des caractères comme te le montre la figure.

 


 


Tu pourras encore diviser l’Ecliptique d’une autre manière, ainsi. Tu obtiendra dans le quadrant GH, du point G jusqu’à H la plus grande déclinaison du Soleil, et en ayant posé à ce degré la règle [point L], et au point I, observe où ladite règle coupe la Méridienne AB : telle celle-c,i et également distante tu en reportera une [longueur] du centre A jusqu’à D ; et ces divisions formeront les parties du pôle de l’Ecliptique : à partir de là, et à main gauche, de la partie boréale IN, et à l’intérieur, et à droite, de la partie australe BI [le point obtenu à gauche de A est la projection du pôle de l’écliptique, valable pour l’arc IN, le point symétrique par rapport à A est à prendre comme pôle de l’écliptique pour l’arc rabattu IB].A partir de là tu poseras la règle au pôle correspondant à la partie de l’Ecliptique, et à chaque division du quadrant HI ; et après avoir noté les intersections, que fera ladite règle avec ces parties de l’Ecliptique et une fois posée de nouveau la règle au centre A, et à chaque point déjà noté de chaque partie, et qui deux à deux se correspondent, tire des petites lignes, qui divisent ainsi les signes, autant de degrés dont tu as l’usage : et puis finis les autres comme je te l’ai dit [cette partie est peu claire, on doit diviser l’écliptique en mesurant les angles au pôle de celui-ci, on ne peut donc pas utiliser directement l’échelle de l’arc HI, l’équateur, un rapporteur centré sur le pôle de l’écliptique semble nécessaire].

 

Comment il faut reporter les étoiles sur le quadrant.

Chap. VI

 

u devras d’abord connaître la déclinaison depuis l’Equinoxial des plus notables étoiles fixes, de la première et de la deuxième grandeur, et puis le degré de l’Ecliptique, avec lequel chacune de ces seules dites étoiles arrive au milieu du Ciel [les étoiles sont repérées par leur déclinaison et leur longitude céleste], comme tu peux le voir dans la table qui suit, laquelle, à partir de quoi tu peux faire ledit quadrant (tandis que nous donnons un fidèle calcul des étoiles), nous avons tirée à partir des calculs et des observations des modernes.

Quand tu voudras, à partir de là, reporter chacune desdites étoiles fixes sur le quadrant, étend la ligne de foi de l’index qui est mobile sur le degré du milieu du Ciel qu’occupe l’étoile noté dans une des deux parties de l’Ecliptique [autrement dit, sur la graduation de l’écliptique correspondant à la longitude de l’étoile] et maintenant fermement à cette place l’index, tu observeras sur ledit index la déclinaison de ladite étoile et si [la déclinaison est] Boréale à partir de V [graduation 0 sur l’index], ou Equinoxial, vers le pôle Arctique, ou le centre A du quadrant ; ou vers le limbe RS, si la déclinaison préalable est Australe.

Ceci fait, marque un point à la fin de cette déclinaison, lequel représentera le centre de l’étoile étudiée. DE là tu y mettras son nom, écrit avec des lettres semblables, et depuis cette partie, avec les mêmes lettres que tu as utilisées, tu nommeras le point du milieu du Ciel étudié [il s’agit d’indiquer à quel signe de l’écliptique appartient la longitude de l’étoile et savoir ainsi dans quel quadrant, parmi les quatre, elle se situe, avant leur pliage sur le quadrant astrolabe] ; comme tu peux le voir sur la figure avec l’œil du Taureau [a Taurus = Aldébaran], le Grand Chien [= Sirius] et le Vautour [= Vultur = a Aquila = Altaïr]. Là je pense que tu n’as plus besoin de mots, la chose est tellement aisée que tu n’as plus besoin d’explication.

 


 


 


Ce qu’il est raisonnable de faire dans la partie de derrière

dudit quadrant, après ce qui a été dit.

Chap. VII

 

u tires finalement ces côtés ou demi-diamètres AR et AS, d’une distance telle qu’ils soient parallèles suivant la largeur de l’index déjà utilisé, taille, ou enlève avec une lime toutes les autres choses [on donne au quadrant sa forme finale]. Puis dans le dos dudit instrument tu dessineras avec un ordre quasi identique à celui que nous t’avons enseigné dans le chapitre VIII du livre précédent [le chapitre VIII du livre 2 traite du « quadrant ancien » dont la gravure est reproduite ci-après] les heures inégales et l’autre échelle [le « carré des ombres » sans doute], avec deux mires, percées adroitement diamétralement [les pinnules que l’on aperçoit en haut de la gravure] et avec le même fil, perle et plomb. Ayant déjà assez parlé de ces choses dans le susdit huitième chapitre, pour ne pas multiplier en vain les paroles et pour ne pas causer plus d’ennui que de plaisir à celui qui le lit uniquement pour comprendre le fonctionnement de ce quadrant, j’aime donner fin à ce troisième livre, je t’ai mis d’ailleurs avant tout la figure de toutes les choses dites comme tu pourras le constater [suit en effet la grande gravure donnée ici au début].

 


 


Gravure du « quadrant ancien », donnée au chapitre VIII du livre 2 Des horloges et quadrants solaires :

 


 



Suivre les liens :

 


· Vers la traduction du livre 4

 

· Vers la page "Oronce Finé"

 

· Vers le descriptif du Quadrant Universel d'Oronce Finé