Oronce Fine est né à Briançon en 1494 et mort
à Paris en 1555. Il étudia à Paris, au collège de Navarre et devint le premier
titulaire de la chaire de mathématiques du Collège Royal (vers 1532), fondé par
François Ier en 1530. Il publia les œuvres de l’astronome allemand
Peurbach et est connu comme un graveur habile, illustrant plusieurs éditions du
Textus Sphaera (Sacrobosco). Ses travaux concernent l’astronomie, l’astrologie,
la cartographie (il est connu pour une carte du monde en forme de cœur), la
géométrie pratique et la gnomonique.
Poursuivi toute sa vie par la misère, il fait fabriquer et vend des instruments mathématiques, en particulier des cadrans. Un très rare cadran en ivoire, en forme de bateau (un « petit navire de Venise ») subsiste dans un musée milanais. Il est signé « Opus Orontii F. 1524 » et appartenait au roi François Ier :
La navicula d'O. Fine à Milan.
André Thevet (1516 ? – 1592), « cosmographe du roi » Henri II, qualifie Oronce Fine de « second Archimède » et résume ainsi sa biographie, dans son Histoire des plus illustres et scavants hommes de leurs siècles :
« il fut appelé par ce grand restaurateur des lettres le Roy François premier, Professeur es sciences Mathématiques. En cette profession il versa si bien, qu’au gré & contentement des gens de bien & malgré l’envie […] il ressuscita en l’Université de Paris la splendeur des Mathématiques, qui pour lors étoient par trop abastardies. […] Il avançoit grandement ces sciences [Mathématiques] […] tant par ses escrits que par invention de plusieurs beaux instruments & cartes, comme ayant la main non moins propre à fabriquer & dresser de tels organes, & à les peindre, que l’esprit à les inventer. […] Son corps fut enterré au Couvent des Carmes à Paris. »
Fine donne une description de son astrolabe quadrant dans le Quadrans Astrolabicus (Paris, 1527) puis dans le De Solaribus Horologiis et Quadrantibus libri quatuor (en quatre livres) édité à Paris en 1531. Ce dernier ouvrage sera intégré à son Protomathesis à partir de 1532. Les œuvres d’Oronce Fine connaissent une première édition en italien en 1587 dont la seconde et dernière édition, présentée ici, date de 1670.
« Œuvres d’Oronce Fine du Dauphiné, divisées en cinq
Parties ; Arithmétique, Géométrie, Cosmographie, des Horloges, traduites
par Da Cosimo Bartoli, Gentilhomme et Académicien florentin ; et des miroirs,
traduite par le cavalier Ercole Bottrigaro gentilhomme Bolognais ».
L’astrolabe quadrant d’Oronce Fine consiste dans le pliage en quatre d’un tympan d’astrolabe planisphérique comme le montre la figure ci-dessous (extraite de l’ouvrage précédent). L’avantage d’un astrolabe quadrant par rapport à un astrolabe est d’offrir, à surface égale, une meilleure précision des tracés. Il est également plus facile à fabriquer et donc moins coûteux. L’inconvénient est qu’il oblige à une certaine gymnastique intellectuelle et est donc, par là, moins « démonstratif ».
Les nombreuses lignes non graduées, tracées sur le quadrant d’O. Fine, correspondent aux différents horizons selon la latitude du lieu (le quadrant est « universel » en ce sens qu’il est utilisable à toute latitude). Le quart de cercle gradué au milieu de l’instrument correspond à l’équateur. Quant aux deux arcs gradués restants, ils résultent du pliage de l’écliptique. Si, à l’époque d’Oronce Fine, les astrolabes quadrants, d’origine arabe, ne sont pas une nouveauté, le tracé de celui-ci semble cependant quelque peu original.
Mais voici la présentation que fait Oronce Fine de son instrument.
(Traduit de l’italien par Marie-Agnès PEDAILLE.)
l me plait finalement d'expliquer dans ces deux derniers
livres [livres 3 et 4 des horloges solaires] le quadrant universel,
explication que j'avais promise plusieurs fois, tirée de la composition du
Planisphère de Ptolémée, et de celle de l'Astrolabe. Dans le premier livre
j'exposerai la manière de faire, et dans le dernier les grands avantages et
particularités dudit instrument.
La première image, qui nous vient de ce quadrant, nous a été offerte par l'astrolabe. J'ai dessiné sur un papier très fin l'astrolabe en question, avec l'écliptique, et plusieurs divers horizons, distribués avec cet intervalle qui m'a paru le plus pertinent [en fait tous les 5°], mais sans y représenter les cercles verticaux ni ceux des latitudes [cercles d'azimut et de hauteur].
Puis j'ai plié l'autre moitié dudit astrolabe à droite de la ligne méridienne et de nouveau sur la pliure qui correspondait à ce moment à la moitié de l'astrolabe, j'ai replié sur l'horizon droit [perpendiculaire au méridien menée par le centre] pour en avoir le quart ; et de cette manière j'ai réduit en quatre ledit dessin de l'astrolabe. Des lignes duquel j'ai tiré la première constatation que j'ai faite à propos des lignes, à savoir des arcs qui convergent, grâce à la transparence et à la très fine épaisseur de ce papier, puis j'ai voulu communiquer ces lignes [les tracés] à tous ceux qui étudient cet art qui suit.
L’image ci-dessous correspond à un tympan d’horizons d’un astrolabe. Au pôle nord, l’horizon correspond à l’équateur (c’est le cercle central passant par les points de convergence), à l’équateur l’horizon passe par les pôles (c’est la ligne droite horizontale sur l’image), les autres arcs correspondent aux latitudes intermédiaires.
Faites l’expérience de Fine. En imprimant la figure sur un calque et en pliant en quatre apparaît le quadrant d’Oronce.
La figure suivante donne la description du pliage de l’écliptique (c’est le
cercle gradué en 12 parties).
Deux astrolabes quadrants du type d’Oronce Fine sont visibles au Musée
d’histoire des sciences de Florence, et sur le web en cliquant sur les liens
suivants :
Astrolabe quadrant type Finé (Epact Oxford)
Astrolabe quadrant type Finé (Musée d'histoire des sciences Florence)
Pour en savoir plus sur l’astrolabe quadrant d’Oronce Fine, suivre les liens :
· Descriptif détaillé de l’astrolabe quadrant d’O. Fine :
Descriptif astrolabe
quadrant Fine.htm
· Reproduire l’astrolabe quadrant d’O. Fine (images agrandies pour réaliser une maquette de l’instrument) :
Reproduire quadrant O Fine.htm
· Traduction française du livre 3 Des horloges et quadrants solaires d’Oronce Fine du Dauphiné (principe de construction du Quadrant Universel) :
· Traduction française du livre 4 Des horloges et quadrants solaires d’Oronce Fine du Dauphiné (Usages du Quadrant Universel) :