LA SPHERE
DE JEAN DE SACROBOSCO

 

Ecrit à Paris par Jean de Sacrobosco au XIIIe siècle (certainement vers 1230-1231), Le traité de la Sphère fut sans doute le livre d’astronomie le plus populaire de tous les temps. Avant l’invention de l’imprimerie, il fut de nombreuses fois recopié sous forme manuscrite (le plus ancien manuscrit qui nous soit parvenu se trouve à Copenhague et date de 1240 environ). Ce fut le premier livre d’astronomie imprimé (si l’on excepte les calendriers et « pronostics ») en 1472 à Ferrare. La première traduction française date de 1546 et il fut encore largement commenté au XVIe siècle. Aucun autre livre d’astronomie n’a été ainsi imprimé et est resté disponible pendant plus de 200 ans.

Ce succès sans égal est bien sûr du aux qualités pédagogiques de l’ouvrage. Rédigé dans un style clair et plaisant, bien illustré, il restera longtemps en usage, apprécié pour ses explications élémentaires, parfois complétées par de longs commentaires. Galilée lui même le commentait dans ses leçons à l’université de Padoue.

 

Voici ce que dit André Thevet (1516 ? – 1592, « Cosmographe du Roi ») de Sacrobosco (qu’il désigne par Jean de Sacro Busto) :

« il n’y eut petit ny grand, qui ne reverast l’exquis sçavoir de ce personnage, qui avec telle facilité monstrait tous les secrets de l’Astrologie [comprendre l’Astronomie], que quand ses Auditeurs eussent pû avoir une eschelle assez grande pour toucher jusqu’aux Cieux, à peine eussent-ils pû découvrir si à l’aise & véritablement les singularitez, tant de la voute, distinction, figure & qualitez des lieux célestes, comme d’une méthode très facile leur a représenté ce docte Mathématicien ».

 

Jean de Sacrobosco (John of Holywood), d’origine britannique (mal connue), fit sa carrière à l’Université de Paris où il enseigna l’astronomie dans le cadre du quadrivium (arithmétique, géométrie, astronomie et musique) de la faculté des Arts. Sa tombe, située dans l’ancien cloître des Mathurins (aujourd’hui disparu) était encore visible à la fin du XVIIIesiècle. Jérôme Lalande, dans son Astronomie (1795) précise qu’il « fut enterré dans le cloître des Mathurins, où l’on voit encore un astrolabe sur son tombeau avec des vers latins ».

 

Davantage d’informations sont disponibles en suivant les liens (vers d’autres pages de ce site) qui figurent aux paragraphes suivants.

Les différentes éditions de La Sphère

Après de nombreuses versions manuscrites, La sphère de Sacrobosco connu plus de 200 éditions imprimées, depuis celle de 1472 à Ferrare, jusqu’à celles du XVIIe siècle, avec en particulier l’édition largement commentée de Clavius (1570), alors que le système de Copernic commence progressivement à s’imposer dans la communauté scientifique.

 


 


La page suivante, en s’appuyant sur le travail de Roberto de Andrade Martins (Université de Campinas Brésil), montre certaines de ces éditions et indique des liens pour en feuilleter virtuellement (hélas) des exemplaires.

editions sacrobosco.htm

 

Le Quadrivium et la cathédrale de Chartres

 

Fondée au XIIe siècle, l’Université de Paris fit de la théologie sa « spécialité ».

L’étudiant devait suivre, en préalable à une faculté spécialisée (théologie, droit, médecine), l’enseignement de la « faculté des Arts » qui consistait en les sept « arts libéraux », parmi lesquels, au sein du quadrivium, l’astronomie.

C’est dans ce cadre qu’intervenait Sacrobosco.

Une représentation de ces arts libéraux est matérialisée dans la pierre du Portail Royal de la cathédrale de Chartres.

On voit ci-contre une représentation de Ptolémée, surmonté de celle de l’Astronomie, qui montre le Ciel du doigt.

 

Pour plus de détails, cliquer sur le lien suivant :

chartres.htm

 

 

 

Biographie de Sacrobosco

La biographie de Jean de Sacrobosco reste assez mystérieuse. On ne connaît pas exactement les dates de sa naissance et de sa mort. Il est né vers 1195 dans un endroit nommé Holywood (« bois sacré ») qui se situe, soit en Irlande, soit en Ecosse, soit en Angleterre (il s’agirait dans ce cas d’Halifax). Ces trois nations revendiquant l’honneur d’avoir Sacrobosco comme compatriote, nous allons les mettre d’accord : c’est à Paris qu’il fit toute sa carrière, qu’il se rendit célèbre et qu’il fut enterré dans un lieu prestigieux, le cloître des Mathurins qui abritait les réunions des dirigeants de l’Université.

Trois dates possibles pour sa mort : 1236, 1244 ou 1256 ?

Quatre œuvres importantes sont attribuées à Sacrobosco :

- Algorismus : un traité d’arithmétique élémentaire utilisant les « chiffres arabes » ;

- Tractatus de Quadrante : sur la construction et l’utilisation du « quadrans vetus », un cadran solaire de hauteur d’origine arabe, formant un quart de cercle et possédant un curseur permettant son utilisation à différentes latitudes ;

- Tractatus de Sphaera : le traité de la Sphère, comprenant une préface et quatre chapitres, et décrivant le système de Ptolémée (ce traité est reproduit sur ce site) ;

- Compotus : en 1232 ou 1235, sans doute son dernier écrit, plus technique et savant, sur le calendrier et comput ecclésiastique et civil .

Olaf Pederson, dans un article paru en 1985 dans le Journal of the History of Astronomy, se livra à une véritable enquête policière sur Sacrobosco.

 

Beaucoup plus de détails sur la vie et les œuvres de Sacrobosco en cliquant sur le lien suivant :

   sacrobosco biographie.htm

 

Edition critique de la version française de 1607

Les liens suivants analysent l’édition de 1607, « en françois »,de La Sphère, en retranscrivant le texte et en reproduisant toutes les gravures sur bois. L’orthographe est modernisée pour faciliter la lecture (de nombreuses abréviations la rendant parfois malaisée), le genre de certains mots a été actualisé, la ponctuation deux points ( : ) a généralement été remplacée par un point virgule ( ; ) lorsqu’elle pouvait sembler incongrue à un lecteur moderne. Ceci mis à part, le texte a rigoureusement été restitué.

L'édition de 1607 est parue au format 10 cm ´ 16,5 cm et fait 117 pages (préface comprise).

Il s’agit de la première édition critique en français de l’ouvrage de Sacrobosco, disponible sur Internet. Cette édition est libre de droits, en citant la source.

 

>> EDITION INTEGRALE EN LIGNE >>

 

 

LA SPHERE DE JEAN DE SACROBOSCO

augmentée de nouveaux commentaires, & figures

servant grandement pour l’intelligence d’icelle :

 

Le tout mis de Latin en François par Guillaume des

Bordes Gentilhomme Bordelais, Licencié es droits,

professeur es Mathématiques : lequel a ajouté

plusieurs bonnes Sentences & Arguments à une Préface

qui est au commencement du Livre, pour prouver que

l’Astrologie est très utile et nécessaire au genre humain

& qu’elle ne doit être méprisée de l’homme Chrétien.

 

A PARIS

Chez Denise Cavellat, au mont

S. Hilaire, à l’enseigne du Pélican.

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1607.

 

 

PREFACE CONTENANT

l’utilité d’astrologie.

 

Pour lire le texte intégral de cette Préface (due à son traducteur mais non à Sacrobosco), suivre le lien :

sphere Sacrobosco preface.htm

 

Le texte de Sacrobosco débute par le Sommaire.

 

SOMMAIRE DU

présent traité.

 

Nous divisons ce traité de la Sphère en quatre chapitres : ayant, en premier lieu, délibéré dire & déclarer, la composition de la Sphère, qu’est-ce que la Sphère, qu’est-ce que son centre ; qu’est-ce que l’axe ou essieu de la Sphère, & aussi les pôles du Monde ; combien sont de Sphères, & quelle est la forme du monde. Au second chapitre démontrerons les Cercles, desquels la Sphère matérielle est composée, & la supercéleste aussi (laquelle par celle-ci [la Sphère matérielle] est imaginée & conçue en l’esprit) s’entend en être composée. Au troisième nous traiterons du lever et coucher des Signes, & de la diversité des jours et des nuits, & de la division des climats. Et au quatrième, des Cercles et mouvements des Planètes, & des causes des Eclipses.

 

DE LA SPHERE, DU CENTRE

d’icelle, de l’axe ou Essieu des Pôles,

du nombre des Sphères, & quelle est la forme du monde.

Chapitre I.

 


Pour lire le texte intégral du premier chapitre, suivre le lien :

sphere Sacrobosco ch1.htm

 

CHAPITRE SECOND.

Des cercles dont la Sphère matérielle est composée,

& la Sphère céleste (laquelle nous imaginons

par le moyen de celle-ci) est entendue en

être aussi faite & composée.

 

Pour lire le texte intégral du deuxième chapitre, suivre le lien :

sphere Sacrobosco ch2.htm

 

CHAPITRE TROISIEME.

Du lever & coucher des Signes, de la diversité

des jours & nuits, & de la division des climats.

 

Pour lire le texte intégral du troisième chapitre, suivre le lien :

sphere Sacrobosco ch3.htm

 

CHAPITRE QUATRIEME

des cercles & mouvements des Planètes,

& des causes des Eclipses du Soleil

& de la Lune.

 


 


Pour lire le texte intégral du quatrième et dernier chapitre, suivre le lien :

sphere Sacrobosco ch4.htm

 

Les « volvelles » de la Sphère de Sacrobosco

 

On désigne par « volvelles » des instruments de papier comportant des parties mobiles, généralement contenus dans les livres. Les volvelles illustrent les phénomènes astronomiques et permettent certaines « démonstrations » ou calculs (équatoires de papier). On trouve des volvelles dans les Eléments d’Euclide édités par John Dee en 1570, et surtout dans la Cosmographie d’Apian (d’abord trois volvelles puis la quatrième dans l’édition de Gemma Frisius). Les volvelles figurant dans l’Astronomie des Césars d’Apian atteignent les sommets de la magnificence. Tycho Brahé aurait payé l’équivalent de plus de 2000 euros pour en acquérir une copie.

En 1538, l’imprimeur Joseph Clug introduit pour la première fois trois volvelles dans une édition de la Sphère de Sacrobosco. La première reprend la première volvelle d’Apian (hauteur de l’étoile polaire et latitude) mais les deux suivantes sont assez différentes (courbure de la Terre d’après les éclipses de Lune ; lever héliaque des étoiles).

Fixées au livre par un fil ou par de la colle, beaucoup de ces volvelles ont disparu. Elle n’étaient cependant pas toujours montées par l’imprimeur ou le relieur, et on trouve parfois à la fin de l’ouvrage, une grande planche permettant, après découpage, leur fabrication.

 

Pour une description des volvelles de l’édition de 1607, suivre le lien :

sphere Sacrobosco volvelles.htm

 

Références

· BENNETT (Jim) & BERTOLONI MELI (Dominico) – Sphaera Mundi – Astronomy Books in the Whipple Museum 1478-1600 – Whipple Museum Cambridge 1994.

· BERTOLA (Francisco) – Imago Mundi - La représentation de l’Univers à travers les siècles – La Renaissance du Livre 1996.

· DELAMBRE – Histoire de l’astronomie du Moyen-Age – Paris 1819.

· DUHEM (Pierre) – Le système du Monde – Tome III – Hermann.

· GINGERICH (Owen) – Astronomical Paper Instruments with Moving Parts – in Making Instruments count – Variorum 1993.

· JEAUNEAU (Edouard) – L’âge d’or des Ecoles de Chartres » - Ed. Houvet 2000.

· KNORR (Wilbur R.) – Sacrobosco’s Quadrans : date and sources - Journal of the History of Astronomy – Août 1997.

· MAURY (Jean-Pierre) – Comment la Terre devint ronde – Découvertes Gallimard – 1989.

· PEDERSON (Olaf) – In quest of Sacrobosco - Journal of the History of Astronomy – 16-1985.

· PTOLEMEE – Composition mathématique de Claude Ptolémée – Traduction française de l'Almageste par l'abbé Halma, notes de Delambre – 2 volumes, Paris 1813 et 1816. Edition numérisée disponible sur http://gallica.bnf.fr .

· THEVET (André) – Histoire des plus illustres et scavants hommes de leurs siècles… - édition de 1671, tomes 7 et 9, BnF cote G29634.

· TAUB (Liba) – Ptolemy’s Universe – The Natural Philosophical and Ethical Foundations of Ptolemy’s Astronomy – Open Court 1993.

· VERDET (Jean-Pierre) – Penser l’Univers – Découvertes Texto/Gallimard – 1998.

 

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