En 1583, le pilote havrais Jacques Devaulx, crée un splendide traité de navigation conservé à la BNF sous le titre : « Les premières œuvres de Jacques Devaulx ». Ce manuscrit est offert au duc de Joyeuse, amiral de France, Gouverneur de la ville du Havre à partir de 1584. Un deuxième exemplaire est offert à Monsieur de Riberpré, puissant seigneur. Conservé à la Bibliothèque nationale, écrit en 1584, il diffère très peu du premier.
A la fin de ces manuscrits, un plan du Havre montre l’aspect de cette ville nouvelle, soixante six ans après sa création par François 1er. Ce nouveau port joue un rôle important dans le développement des voyages vers le Nouveau Monde. C’est aussi une ville fortifiée en 1583, preuve d’une histoire troublée et violente depuis sa création.
Ce pilote havrais (1555-1597), issu d’une famille de marins, corsaires durant les guerres, participe aux expéditions de son époque vers l’Amérique. Certains de ses voyages l’aident à préciser des détails des côtes américaines ; il intègre aussi des découvertes d’autres navigateurs de la région. Il est probable qu’il ait été formé par Guillaume Le Testu devenu pilote royal au Havre en 1566. Son traité montre qu’il est fortement imprégné des méthodes de travail de cartographie de l’école de Dieppe, célèbre au XVI°.
Le manuscrit de J. Devaulx est un traité de navigation qui utilise les connaissances de l’époque. Les traités de Pierre Apian (astronome et cartographe allemand) ont quelques décennies, mais ceux de Michel Coignet (cosmographe et fabricant d’instruments flamand) sont très récents (1580 en flamand et 1581 en français). J. Devaulx reprend des connaissances de ces deux savants, en particulier sous forme de volvelles, en les adaptant à la récente mise en place du calendrier grégorien (1582).
J. Devaulx propose aux marins des méthodes de navigation qui, pour certaines, nous paraissent aujourd’hui erronées. La variation du compas, le calcul de la longitude, la prise en compte de la forme sphérique de la Terre n’ont aucune exactitude scientifique. Ce sont pourtant des techniques qui ont permis aux pilotes de conduire des voyages d’exploration autour du monde. De fait, face aux risques encourus et une navigation souvent empirique, les pilotes n'hésitaient pas à proposer de nouvelles méthodes.
L'iconographie est particulièrement belle pour un ouvrage scientifique de ce type. Le texte est accompagné de nombreuses lettrines, et d'images représentant des marins utilisant les instruments de la navigation aux étoiles.
Ces manuscrits permettent au pilote J.Devaulx de faire valoir ses compétences auprès de seigneurs influents, mécènes capables de le protéger et de lui confier des missions importantes comme la reconnaissance des côtes amazoniennes.