« ...Unique empereur qui tient, en vérité,
Le globe du monde dans sa main... »
Fernando Pessoa (26 septembre 1928)
Ce poème de Fernando Pessoa est dédié à Henri le Navigateur (1394-1460), roi du Portugal ayant mis en œuvre une politique systématique de reconnaissance des côtes atlantiques de l'Afrique. Or, il se trouve que ces deux vers résument bien la finalité de l'astrolabe : tenir un astrolabe, c'est un peu, comme Henri le Navigateur, tenir le globe du monde dans sa main. Astrolabe signifie d'ailleurs étymologiquement preneur d'étoiles. Nous nous proposons donc de tenter d'expliquer comment l'on peut, avec un astrolabe, prendre les étoiles.
Inventé au deuxième siècle de notre ère, l'astrolabe a été de moins en moins utilisé à partir du XVIIe siècle : en 1609, Galilée est le premier à pointer une lunette astronomique de sa fabrication vers le ciel étoilé. Une nouvelle ère de l'astronomie commence, où les mesures d'angles en particulier vont devenir considérablement plus précises. Cela étant, l'astrolabe a été en usage pendant une quinzaine de siècles un peu partout autour du grand bassin méditerranéen, en Europe finalement à partir de l'an 1000, sans doute par l'intermédiaire de Gerbert d'Aurillac et des monastères chrétiens de Catalogne. Record de longévité s'il en est pour un instrument scientifique !
Je ne terminerai pas sans mentionner l'influence des Arabes sur l'évolution de cet instrument : ils l'ont perfectionné, en particulier en introduisant les cercles d'égal azimut ; ils l'ont aussi utilisé pour répondre à des problèmes que la société posait (détermination de l'heure des prières, azimut de la Qibla, orientation dans les déserts, ...). Influence arabe dont les mots eux-mêmes ont gardé la mémoire : almucantarat, alidade, zénith, azimut, ...
Au seuil de l'an 2000, l'astrolabe n'est quasiment plus utilisé. Pourtant quel plaisir de savoir déterminer l'heure avec le Soleil ou Arcturus, sans même jeter un coup d'œil à sa montre-bracelet ! Que cela puisse aussi nous aider à ne pas oublier que nous sommes tous les enfants des étoiles...
BIBLIOGRAPHIE