Le musée des antiquités de Rouen conserve un astrolabe exceptionnel : l’astrolabe de Béthencourt. Christian Vassard, membre de l’ASSP, a étudié précisément cet instrument. Vous trouverez sur ce site :
Fac-similé de l'astrolabe
Pour faciliter la compréhension de ce bel instrument, on peut par exemple imprimer les deux faces suivantes. Les caractères, et les chiffres anciens, ont été remplacés par leur correspondant moderne : la gymnastique cérébrale de conversion est ainsi supprimée. Les plus bricoleurs d'entre vous peuvent réaliser l'impression sur du papier fort (en ajustant à des dimensions souhaitées) et coller les feuilles sur du carton plume ou autre. Il reste à placer les alidades et le fil, pour avoir un objet ressemblant à l'instrument étudié. Veillez simplement, en jouant sur la taille de l'image imprimée, à ce qu'à l'impression, le cercle central du compas lunaire soit à peine plus petit que celui du dos de l'astrolabe ; de même, le cercle de l'alidade doit être à peine plus petit que celui du compas lunaire.
La face avant | Le dos |
L'alidade | Le compas lunaire |
Un autre exemple d'astrolabe quadrant ottoman, en bois laqué, daté de l'année 1280 de l'Hégire, étudié par Philippe Dutarte...
« ...Unique empereur qui tient, en vérité,
Le globe du monde dans sa main... »
Fernando Pessoa (26 septembre 1928)
Ce poème de Fernando Pessoa est dédié à Henri le Navigateur (1394-1460), roi du Portugal ayant mis en œuvre une politique systématique de reconnaissance des côtes atlantiques de l'Afrique. Or, il se trouve que ces deux vers résument bien la finalité de l'astrolabe : tenir un astrolabe, c'est un peu, comme Henri le Navigateur, tenir le globe du monde dans sa main. Astrolabe signifie d'ailleurs étymologiquement preneur d'étoiles. Nous nous proposons donc de tenter d'expliquer comment l'on peut, avec un astrolabe, prendre les étoiles.
Inventé au deuxième siècle de notre ère, l'astrolabe a été de moins en moins utilisé à partir du XVIIe siècle : en 1609, Galilée est le premier à pointer une lunette astronomique de sa fabrication vers le ciel étoilé. Une nouvelle ère de l'astronomie commence, où les mesures d'angles en particulier vont devenir considérablement plus précises. Cela étant, l'astrolabe a été en usage pendant une quinzaine de siècles un peu partout autour du grand bassin méditerranéen, en Europe finalement à partir de l'an 1000, sans doute par l'intermédiaire de Gerbert d'Aurillac et des monastères chrétiens de Catalogne. Record de longévité s'il en est pour un instrument scientifique !
Je ne terminerai pas sans mentionner l'influence des Arabes sur l'évolution de cet instrument : ils l'ont perfectionné, en particulier en introduisant les cercles d'égal azimut ; ils l'ont aussi utilisé pour répondre à des problèmes que la société posait (détermination de l'heure des prières, azimut de la Qibla, orientation dans les déserts, ...). Influence arabe dont les mots eux-mêmes ont gardé la mémoire : almucantarat, alidade, zénith, azimut, ...
Au seuil de l'an 2000, l'astrolabe n'est quasiment plus utilisé. Pourtant quel plaisir de savoir déterminer l'heure avec le Soleil ou Arcturus, sans même jeter un coup d'œil à sa montre-bracelet ! Que cela puisse aussi nous aider à ne pas oublier que nous sommes tous les enfants des étoiles...
BIBLIOGRAPHIE
Comprendre le nocturlabe
Cet article rédigé par Véronique Hauguel a été réalisé dans le cadre du CLEA, association partenaire de l'ASSP. Publié dans la revue Les Cahiers Clairaut, N° 144, hiver 2013, il a bénéficié des talents de Pierre Causeret pour les relectures et la réalisation des images numériques.
Pour découvrir son histoire
De Véronique Hauguel et Pierre Causeret, cet autre article, rédigé pour la Société Astronomique de France, offre en plus une perspective historique sur le nocturlabe. (L'astronomie, n°74, août 2014)